Que vont devenir les projets d’Airbus et Total en Iran après la sortie des USA de l’accord nucléaire?
Les Etats-Unis ont finalement décidé de se retirer de l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien et de rétablir les sanctions économiques contre l’Iran. Un choix lourd de conséquences pour les entreprises qui souhaitent investir dans la région. Les industriels français Airbus et Total voient leurs projets menacés.
Les projets d’Airbus et Total en Iran compromis par la décision de Donald Trump
Les Echos, publié le 08/05/2018 À 21H30, mis à jour le 09/05/2018 À 07H51, Infos Reuters
Malgré la diplomatie d’Emmanuel Macron, Donald Trump a annoncé le mardi 8 mai que les Etats-Unis se retiraient de l’accord conclu à Vienne en juillet 2015 sur le programme nucléaire iranien et allaient rétablir pleinement les sanctions américaines contre Téhéran. Une décision qui pourrait compromettre les plans des industriels internationaux dans la région. Airbus et Total sont notamment concernés.
“Nous analysons attentivement cette annonce et évaluerons les prochaines étapes en cohérence avec nos politiques internes et dans le respect complet des sanctions et des règles de contrôle des exportations”, a dit le responsable de la communication d’Airbus, Rainer Ohler. “Cela prendra du temps”, a-t-il ajouté.
La compagnie nationale IranAir a commandé une centaine d’appareils à Airbus pour un montant de 20,8 milliards de dollars (soit 17,5 milliards d’euros) sur la base des prix catalogue, qui font toutefois l’objet de remises importantes, souvent de plus de 50%.
Total voit son projet South Pars 11 menacé
Pour Total, c’est un projet d’investissement de plusieurs milliards de dollars dans le plus grand gisement de gaz naturel au monde qui est menacé. Le pétrolier français peut tenter d’obtenir une dérogation à ce régime d’embargo.
Total a signé en juillet 2017 un accord avec l’Iran en vue de développer la phase 11 de South Pars, devenant alors la première des majors pétrolières à signer un contrat en Iran depuis l’accord sur le nucléaire conclu en juillet 2015. Le pétrolier français dispose d’une part de 50,1% du projet South Pars 11, qui représente un investissement global de cinq milliards de dollars. Il s’est engagé à investir un milliard de dollars pour lancer le projet et encore un milliard dans son développement.
Total estime la capacité de production du projet à deux milliards de pieds cube par jour, soit 400 000 barils équivalent pétrole par jour en incluant les condensats. Le gaz produit est destiné à alimenter le marché domestique iranien à partir de 2021. Par ailleurs, Total achète du pétrole iranien pour ses raffineries européennes, réalise des transactions en dollars et a investi des milliards de dollars aux Etats-Unis, notamment dans sa raffinerie de Port Arthur.
Démarches auprès du gouvernement français
Le PDG de Total, Patrick Pouyanné, a déclaré dans le passé qu’il chercherait à obtenir une dérogation lui permettant de poursuivre ses activités dans le pays en cas de rétablissement des sanctions américaines contre l’Iran.
“Si les sanctions sont de retour, nous devrons faire une demande de dérogation”, a-t-il dit le 19 avril à des journalistes en marge d’une conférence. Dans les années 1990, Total avait obtenu une dérogation de ce type pour les projets South Pars 2 et 3 lors de l’application de sanctions américaines à cette même période.
Le groupe avait alors fait valoir, comme il pourrait de nouveau le faire aujourd’hui, que ces investissements avaient été réalisés avant l’application de ce régime de sanction.
Patrick Pouyanné a déclaré avoir engagé des démarches auprès du gouvernement français et d’autres capitales européennes pour obtenir cette nouvelle dérogation et protéger ainsi ses investissements en Iran.
Total pourrait céder le contrôle au groupe chinois CNPC en cas d’insatisfaction
Selon des sources, Total aurait déjà dépensé plusieurs dizaines de millions de dollars dans des études et des appels d’offres. Si Total n’obtenait pas satisfaction, il pourrait céder le contrôle de South Pars 11 au groupe chinois CNPC qui détient pour sa part 30% du projet et qui en deviendrait l’opérateur, selon des sources proches du dossier.
Le groupe français a réaffirmé à plusieurs reprises son engagement dans ce projet, précisant toutefois qu’il se conformerait au droit international.
(Avec Reuters)
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