Farzaneh Sharafbafi, une femme à la tête d’Iran Air

La seule compagnie aérienne présente avenue des Champs-Élysées réserve une bien curieuse surprise. Derrière les miniatures des vestiges de Persépolis surgit l’imposante maquette d’un Airbus A330-200 peint aux couleurs d’Iran Air, la compagnie nationale iranienne. Cet avion européen flambant neuf, qui a fait le tour des aéroports iraniens lors de la livraison du premier exemplaire (sur 45) en mars dernier, est l’un des symboles de l’accord sur le nucléaire iranien, signé en juillet 2015 et qui a entraîné la levée d’une partie des sanctions internationales contre l’Iran. Un accord aujourd’hui menacé par la volonté de Donald Trump d’imposer d’ici au mois d’avril de nouvelles sanctions contre Téhéran en raison de ses « activités déstabilisatrices » au Moyen-Orient.

De passage à Paris, le PDG d’Iran Air a accepté de rencontrer Le Point. Farzaneh Sharafbafi, Iranienne de 44 ans, dirige cette entreprise publique de 10 000 employés depuis juillet 2017. Invitée à Paris par le Centre franco-iranien en compagnie d’une trentaine de cheffes d’entreprise iraniennes, cette ingénieure en aéronautique, dont le maghnaeh noir (voile strict porté en milieu professionnel) tranche avec son doux sourire, a répondu à toutes nos questions, même les plus dérangeantes : elle entend briser les clichés sur la femme iranienne.

Le Point : Iranienne et PDG… n’est-ce pas contradictoire ?

Farzaneh Sharafbafi : Non, je ne vois aucune contradiction. Pourquoi cela devrait-il être le cas ?

Parce que, selon la loi islamique pratiquée en Iran, les femmes et les hommes ne sont pas égaux en droit. Par conséquent, il nous semble difficilement concevable qu’une femme puisse arriver à un tel poste.

Pourtant, ce n’est pas récent. Cela fait plus de dix ans que je suis directrice générale d’Iran Air. Au-delà de mon cas, un très grand nombre de femmes en Iran figurent à des postes d’importance. Aujourd’hui, 17 % de nos responsables chez Iran Air sont des femmes. Nous n’avons donc absolument pas le sentiment qu’il s’agisse de quelque chose de nouveau ou de spécial.

Vous ne vous sentez donc pas comme une exception en Iran ?

Je suis une exception par nature (rires). Mais je ne pense pas que ma nomination ait brisé le tabou que vous décrivez. N’oubliez pas que nous avons en Iran un grand nombre de vice-ministres et de vice-présidents qui sont des femmes. Par exemple, madame Laya Joneydi est vice-présidente pour les affaires juridiques.

 

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