Mohammad Bagher Nobakht, porte-parole du président Hassan Rohani, souhaite que les Européens s’unissent pour « compenser » d’éventuels manquements américains sur l’accord nucléaire.
Par Ghazal Golshiri Téhéran, correspondance (Le Monde du 19 février 2018)
Photo : Pars Today
L’homme politique Mohammad Bagher Nobakht a plusieurs casquettes. Il est d’abord le chef de l’Organisation iranienne du budget et de la planification, mais aussi le porte-parole du président modéré Hassan Rohani, pris ces jours-ci dans la tourmente de la mort suspecte en prison du sociologue irano-canadien Kavous Seyed Emami. A presque deux semaines de la visite annoncée à Téhéran du chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, Mohammad Bagher Nobakht répond aux déclarations de plus en plus dures de Paris contre Téhéran et exige des Européens qu’ils s’unissent pour « compenser » d’éventuels manquements américains sur l’accord nucléaire.
Le président français, Emmanuel Macron, a récemment fait part de son souhait de « mettre l’Iran sous surveillance en matière de balistique » et d’entamer des négociations dans ce sens. De telles négociations seraient-elles envisageables pour Téhéran ?
La position de la République islamique d’Iran a déjà été annoncée. Nous ne négocions ni sur notre sécurité nationale ni sur notre capacité de défense. Nous rejetons donc les déclarations de M. Macron à ce sujet.
Téhéran continuera-t-il à respecter ses engagements si Washington reconduit les sanctions économiques contre l’Iran, pour le moment suspendues ?
Il est encore trop tôt pour répondre à une telle question. Pour nous, les pays impliqués dans l’accord forment un bloc. Dans le cas où l’un des pays ne respecte pas ses engagements, nous allons étudier de près les efforts employés par les autres pour compenser ces éventuels manquements. Mais soyez-en sûr : si nos intérêts nationaux ne sont pas remplis, nous ne resterons pas même un instant dans l’accord. Or nous ne serions jamais ceux qui rompront cet accord intergouvernemental. Nous ne ferions que répondre [aux autres parties].
Dans le cas d’un retrait américain de l’accord, qu’attendez-vous des pays européens, notamment de la France ?
Pour certaines raisons, [Donald] Trump tient des propos qui s’écartent du contenu de l’accord. Nous n’attendons pas seulement de l’Union européenne, et de la France en particulier, qu’elles restent fidèles à l’accord mais qu’elles compensent [les éventuels manquements américains]. Compte tenu de la très ancienne culture et du passé de défenseur des libertés de la France, nous voudrions que M. Macron agisse de manière plus responsable. Et d’autant plus que Donald Trump s’est déjà montré capable de changer d’avis facilement, comme il a fait concernant l’accord de Paris sur le climat [fin août 2017, le président américain a signifié à l’ONU son retrait de cet accord avant de laisser entendre, en janvier, qu’il pourrait y revenir].
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