Jean-Yves Le Drian, ministre français se rend à Téhéran ce dimanche 4 mars et ce lundi 5 mars 2018. Il prépare la visite annoncée du président français, Emmanuel Macron. Cette visite prévue initialement au début de l’année 2018 avait été décalée. Outre l’inauguration de l’exposition “Le Louvre Téhéran”, au musée national d’Iran, le ministre français doit rencontrer son homologue iranien, Mohammad Javad Zarif, Hassan Rohani, le président de la République Islamique d’Iran et le général Shamkhani et le secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale.
Ce dimanche 4 mars 2018, l’Alsace analyse les enjeux de cette visite majeure en Iran.
La France renoue avec l’Iran
Alors que l’Iran sort d’une zone de turbulences et reste influent dans le conflit syrien, Jean-Yves Le Drian se rend à Téhéran, avant le président Macron dans quelques mois. Une nouvelle page des relations pourrait s’ouvrir sur les plans diplomatique et économique.
Aujourd’hui 05:00 par Xavier Frère
On ne connaît pas encore la date officielle de la visite du président Emmanuel Macron en Iran, mais elle constituera en 2018 un symbole fort du réchauffement des relations entre les deux pays, après plusieurs décennies de tensions. Le dernier chef d’État français à s’être rendu à Téhéran est Valéry Giscard d’Estaing, en… 1976.
Aujourd’hui et demain, le ministre de l’Europe et des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, ira donc en terre persane en éclaireur. Une visite qui devait initialement avoir lieu début janvier, mais qui a été reportée en raison des manifestations en Iran.
C’est un échange primordial, essentiel, vers un retour à la normalisation entre Paris et Téhéran. « Pour poursuivre l’accord sur le nucléaire, nous estimons nécessaires le dialogue et les progrès sur des sujets qui ne relèvent pas de l’accord de 2015, mais qui sont fondamentaux dans le contexte stratégique actuel, en particulier les préoccupations liées au programme balistique iranien et les questions de sécurité régionale », avait émis l’Élysée en fin d’année 2017.
Énorme potentiel
La République islamique, confrontée à des secousses intérieures (mouvements sociaux, femmes qui ôtent leurs voiles…), veut modifier son image auprès des pays européens, et cherche un appui, face à un Donald Trump souhaitant renégocier le traité sur le nucléaire. Elle espère aussi, pour sortir du marasme économique, attirer de nouveaux investisseurs européens, dont les Français (Airbus et Peugeot sont déjà très présents). Le directeur général de la banque publique d’investissement française Bpifrance, Nicolas Dufourcq, a récemment dit être en « discussions très avancées » avec les autorités iraniennes pour accompagner l’implantation d’investisseurs français en Iran. Le pays a un énorme potentiel avec son marché intérieur de 80 millions de personnes, des réserves de pétrole et gaz parmi les plus importantes au monde. Encore faut-il qu’il montre des signes de stabilité. « Le mouvement de décembre 2017 a laissé des traces », juge Thierry Coville, spécialiste de l’Iran (lire ci-dessous), « le mécontentement de la population est profond, et la société demande une réponse politique, pas de la répression ».