Le Parisien de ce vendredi 16 mars partait en voyage en Iran, des paysages de Téhéran à ceux de Kashan.
Tourisme : les splendeurs cachées de l’Iran
Le Parisien|Yves Jaeglé| 16 mars 2018, 13h36 | MAJ : 16 mars 2018, 13h59
Photo : Meydane Nakhshe Jahan, Ispahan
Voyage au cœur des paysages de Téhéran et Kashan. Une destination alternative, mais fréquentée par de nombreux touristes français.
On ne s’attendait pas à s’asseoir à côté d’Annie et Alain sur une banquette de l’aéroport de Téhéran. Ni à découvrir autant de compatriotes en vacances, couples plus ou moins jeunes, comme ces retraités très verts. Ils égrènent leurs souvenirs les yeux brillants comme si ça n’avait rien d’extraordinaire d’aller crapahuter et flâner au pays des ayatollahs et du voile imposé. « Bon, le chiffon sur la tête, c’est le seul truc un peu casse-pieds », consent Annie, habituée à voyager avec ce groupe d’amis.
« L’Iran, c’est plus simple que le Brésil où on est allés l’an dernier. A Rio, il y a tellement de délinquance que le guide nous empêchait de faire cent mètres tout seuls. Ici, c’est tranquille. » Son mari, Alain, renchérit : « Partout où vous allez, il y a des choses à voir. Les paysages de montagnes et de pierraille, de plateaux très beaux mais, surtout, la culture perse, une civilisation merveilleuse. Et on a trouvé le pays moderne. »
Moderne l’Iran ? Demandez à ces femmes qui enragent mais vous sourient au volant, le voile à moitié tombant sur l’arrière des cheveux, signe de protestation discret au régime religieux très strict. Ces adolescents des collèges de Téhéran qui vous croisent dans les musées et viennent vers vous sourire aux lèvres en vous demandant un selfie comme si vous étiez une star. Un étranger intéressant par définition. Ces Iraniens qui parlent anglais et vous racontent leur pays « si imprévisible » où l’on ne sait pas de quoi demain sera fait. Ces serveurs de l’hôtel qui aiment la France et le PSG et vous indiquent la chaîne gratuite nationale sur laquelle assister à la déroute contre le Real à minuit.
Des palais aux pièces en forme de labyrinthes
L’Iran, c’est d’extraordinaires musées à Téhéran, et un road-movie sur l’autoroute qui traverse le pays jusqu’aux trésors d’Ispahan. On se croirait parfois dans un western ou sur la lune. Ces collines aux formes de main ou de bras, si étranges, sablonneuses, dès que l’on quitte Téhéran entouré de montagnes enneigées.
De nombreux bus VIP — c’est le nom de ces autocars à touristes — que l’on réserve à l’hôtel ou par un voyagiste, déversent Européens et Américains du nord au sud. Ceux qui aiment Ispahan ne prendront pas le train. On n’avait pas le temps de pousser jusqu’à l’ancienne capitale de l’empire Perse du XVIe au XVIIIe siècle, le joyau architectural du pays, à 340 km de Téhéran, où vivait la cour des Safavides. On s’est arrêté à Kashan, à trois heures de car de la capitale, place forte de la dynastie qui leur a succédé, les Qajars, jusqu’au début du XXe siècle.
Cette petite ville — ou qui donne cette impression parce qu’elle est extrêmement étendue sans densité écrasante — aux mosquées couleurs turquoise comme les mers du Sud compte un nombre élevé de maisons traditionnelles qajars qui se visitent, un peu comme nos châteaux de la Loire, toutes proportions gardées. Quoique, ce sont de véritables palais, aux pièces en forme de labyrinthes qui mènent à des hammams où parfois l’on assassinait un rival, chez les Borgia de Perse.
Aujourd’hui, plus aucun spa en état de marche en Iran. Et n’espérez pas trouver une piscine dans un hôtel. Pour ça, vous aurez plein d’autres destinations possibles. L’Iran ne se met pas à nu mais entrouvre une porte.
On n’est pas obligé de réserver un guide ou alors, choisissez avec soin avec un voyagiste de confiance en France : Alain et Annie ont adoré le leur et se promettent de le revoir, mais des touristes belges croisés à Téhéran maugréaient contre leur accompagnateur, un peu trop « commissaire politique », réservé depuis Bruxelles, qui voulait les empêcher de voir des amis sur place, rencontrés lors de précédentes vacances.
Si différent l’Iran, si attirant aussi. Montesquieu en avait fait ses « Lettres persanes ». Une correspondance à reprendre.