Dans une tribune au « Monde », un collectif de députés d’Etats européens appelle à sauver l’accord sur le programme nucléaire iranien, à la veille du voyage de Macron aux Etats-Unis, du 23 au 25 avril.
Des parlementaires européens à leurs homologues américains : « Soutenons ensemble l’accord avec l’Iran »
Tribune
Par Collectif
Tribune. Depuis plus de dix ans, l’Europe, les Etats-Unis et la communauté internationale ont craint la menace imminente d’un Iran doté de l’arme nucléaire. Pour faire face à cette menace et assurer la stabilité du Moyen-Orient, la communauté internationale s’est mobilisée en alliant l’usage de la diplomatie à celui des sanctions soutenues par la majorité des grandes puissances mondiales.
Après treize ans d’efforts diplomatiques conjoints, la signature de l’accord nucléaire du 14 juillet 2015 à Vienne a permis une avancée historique. Cet accord met en place un système de vérification sans précédent du programme nucléaire iranien, impose le démantèlement des installations d’enrichissement d’uranium et atténue considérablement le risque de prolifération nucléaire – et ce, sans recours à la force. De plus, ce système de vérification ne prendra pas fin au terme de la validité de l’accord. L’Iran continuera à être assujetti aux contrôles stricts prévus par le traité de non-prolifération nucléaire, qui restreint les capacités d’enrichissement d’uranium.
Ce n’est qu’à travers le rassemblement de nos forces que cette avancée a été rendue possible. Européens et Américains, nous avons su prouver – ensemble – qu’un partenariat transatlantique solide est à même de former une coalition internationale, qui inclut la Russie et la Chine, soutenue par l’ensemble de la communauté internationale.
Outil de paix et de sécurité
Cette coalition est aujourd’hui en danger. Les Etats-Unis s’apprêtent à quitter l’accord de Vienne, alors même que l’Iran a respecté ses obligations découlant de cet accord. A court terme, l’effondrement de l’accord mettrait fin aux contrôles de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) sur le programme nucléaire iranien, ouvrant la voie à un conflit potentiel aux effets dévastateurs au Moyen-Orient.
A long terme, le risque est encore plus grand. La fin de l’accord porterait atteinte de manière durable à notre crédibilité en tant que partenaires internationaux et, plus généralement, à la diplomatie comme outil de paix et de sécurité.
Pourtant, l’instabilité du monde nécessite de renforcer notre crédibilité, élément indispensable de notre action pour faire pression sur la politique régionale et nationale de Téhéran. Si nous partageons vos inquiétudes vis-à-vis de l’attitude de l’Iran dans la région, nous portons la conviction que ce sujet doit être traité séparément de l’accord de Vienne (comme nous le faisons actuellement).
Un Moyen-Orient instable
Prévenir la prolifération nucléaire dans un Moyen-Orient instable est dans l’intérêt des Etats-Unis et de l’Europe. Pour cela, notre partenariat transatlantique doit demeurer une force motrice, fiable et crédible, sur la scène internationale. Nous sommes évidemment ouverts au dialogue sur les moyens de faire face à ces défis. Mais, si l’accord s’effondre, il sera impossible de réunir à nouveau une grande coalition pour imposer des sanctions à l’Iran. Il nous revient de préserver ce succès diplomatique, qui a fait la preuve de son efficacité.
En tant que parlementaires, nous sommes habitués à former des coalitions et à chercher le consensus. Nous vous appelons donc à soutenir la coalition que nous – Européens – avons formée avec vous – Américains – pour diminuer la menace d’un Iran nucléaire. Le maintien de cette coalition enverra un signal fort pour le peuple iranien.
Ensemble, maintenons l’accord de Vienne, une victoire historique de la diplomatie.
Premiers signataires:
Omid Nouripour, député allemand, porte-parole les Verts pour la commission affaires étrangères ;
Richard Bacon, député britannique, président du groupe parlementaire sur l’Iran ;
Delphine O, députée française, présidente du groupe d’amitié France-Iran ;
François De Rugy, président de l’Assemblée nationale ;
Richard Ferrand, président du groupe La République En Marche ;
Franck Riester, président du groupe UDI, Agir et Indépendants ;
Marc Fesneau, président du groupe Mouvement Démocrate et apparentés ;
Valérie Rabault, présidente du groupe Nouvelle Gauche ;
Marielle De Sarnez, présidente de la commission des affaires étrangères – MODEM ;
Michel Herbillon, vice-président de la commission des affaires étrangères – Les Républicains