Thierry Coville, spécialiste de l’Iran à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), a estimé, mercredi sur franceinfo, qu’il n’y a “pas un diplomate en Europe qui pense que c’est une bonne idée de renégocier l’actuel accord” sur l’Iran.
Nucléaire : “Renégocier l’accord de 2015 ? Impossible avec les Iraniens”
Franceinfo/25 avril 2018
L’option d’un “nouvel accord” sur l’Iran évoquée par Emmanuel Macron et Donald Trump laisse sceptique Thierry Coville, chercheur à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris). “S’il s’agit de préparer et négocier un nouvel accord à partir de 2025, pourquoi pas”, a déclaré mercredi 25 avril sur franceinfo le spécialiste de l’Iran. “En revanche, il n’y a pas un diplomate en Europe qui pense que c’est une bonne idée de renégocier l’actuel accord de 2015 d’ici son terme en 2025, c’est d’ailleurs impossible à faire avec les Iraniens.”
Renégociation “impossible”
L’accord existant, signé en 2015 après douze années de discussions, limite les activités nucléaires de l’Iran en échange d’une levée des sanctions. Il doit s’achever dans sept ans, mais est remis en cause par le président américain, qui pourrait rétablir les sanctions internationales dès le 12 mai prochain. D’où l’idée de “nouvelles négociations”, dont les contours et le calendrier n’ont pas été précisés par les deux dirigeants.
S’agit-il de remplacer l’accord actuel, ou bien de trouver un nouvel accord pour l’après-2025 ? Le texte existant “n’est pas enterré, analyse Thierry Coville. Quand le président américain dit que c’est un mauvais accord, c’est facile à dire. Au contraire, c’est un bon accord, un compromis qui a permis de sortir d’une crise. Le renégocier, à mon avis, c’est complètement infaisable”.
“Prise de risque énorme pour la stabiloté du Moyen-Orient”
Le chercheur à l’Iris estime également que l’attitude de Donald Trump ne permet pas une renégociation : si l’on veut discuter de l’après-2025, “il faut donner aux Iraniens l’impression que l’accord de 2015 fonctionne, qu’il apporte des bénéfices économiques. Or, le président américain ne cesse de répéter que c’est un mauvais accord”, et menace de “remettre en place les sanctions”. Ajouté à cela le fait qu’aucune grande banque européenne ne soit revenue en Iran, “ça n’incite pas tellement les Iraniens à négocier [à nouveau] avec les Occidentaux”, dit-il. Le chercheur affirme aussi que l’Iran “respecte à la lettre” l’accord existant : “Ça a été certifié dix fois par l’Agence internationale de l’énergie atomique” (AIEA).
La décision du locataire de la Maison Blanche, le 12 mai, est donc attendue. “Si les États-Unis sortaient de l’accord, ce serait une prise de risque énorme pour la stabilité au Moyen-Orient”, analyse Thierry Coville, selon qui les Iraniens les plus radicaux pourraient envisager à nouveau d’enrichir l’uranium à 20%, comme c’était le cas avant 2015.