Zarif, «  les USA sont accros aux sanctions  »

Le ministre des Affaires étrangères iranien, Mohammad Javad Zarif, estime que «  les Etats-Unis sont accros aux sanctions contre l’Iran et les autres pays  ».
«  Je crois qu’il y a une maladie aux Etats-Unis et il s’agit de leur addiction aux sanctions  », a-t-il expliqué dans une interview accordée la chaîne américaine CNN à l’occasion du 65e anniversaire du coup d’état américain qui a mené au renversement du premier Ministre, élu démocratiquement, Mohammad Mossadegh.
«  Y compris durant l’administration Obama, les Etats-Unis ont préféré conserver les sanctions qui n’avaient pas été levées, plutôt qu’appliquer ses obligations sur les sanctions levées  », a ajouté le ministre iranien.
Zarif a également noté que l’accord nucléaire peut exister malgré le départ de l’administration Trump.
Le haut diplomate iranien a exprimé sa déception que les USA n’ont toujours pas compris que les sanctions n’ont aucun effet sur un changement de climat politique en Iran.
«  Nous avions le sentiment que les Etats-Unis avaient retenu la leçon selon laquelle, à ce que je sache, les sanctions produisent des difficultés économiques mais ne produisent pas les conséquences politiques attendues par ceux qui appliquent ces sanctions. Je pensais que les Américains avait compris la leçon. Malheureusement, je me suis trompé  », a souligné Zarif.
Il a expliqué que  le mode de pensée des années 50 incarne parfaitement l’actuelle approche des Américains. «  Je pense que l’administration américaine continue de croire que le coup d’état a fonctionné avec le gouvernement qu’elle a installé en 1953. «  Comme je le dis, les Etats-Unis doivent se réveiller et revenir sur terre  », a ajouté le diplomate.
Zarif a également rappelé que les pressions venues de ses partenaires européens pourraient persuader Trump de changer d’avis, et a accusé les Etats-Unis de vouloir torpiller les signataires européens du deal.
«  Nous ne reviendrons pas sur l’accord nucléaire. Nous voulons que les USA appliquent cet accord. Aujourd’hui, même leurs alliés les plus proches résistant aux sanctions  ».

Une rencontre entre Trump et Rohani à New-York  ?

Interrogé sur une possible rencontre entre le président iranien Hassan Rohani en tête-à-tête avec le président Trump, Zarif a indiqué que le préalable était que les Etats-Unis commencent par respecter l’accord nucléaire.
«  Pas de rencontre alors que les immenses progrès réalisés par le deal ont été balayé de la main. L’accord a été pour nous le test ultime pour savoir si on pouvait croire les Américains ou pas  ».
Un nouvel accord peut-il être possible avec l’auteur de «  L’Art du Deal  »  ? «  Cela dépend du président Trump et de sa volonté de nous démontrer qu’il est un partenaire de confiance  ».
«Maintenant imaginons que nous consacrions encore du temps à signer un autre accord…Combien de temps sera-t-il valable  ? Jusqu’à la fin de l’actuelle administration  ? Jusqu’à qu’il quitte le siège sur lequel il a apposé sa signature à ce nouvel accord  ?  ».

L’Iran prêt à affronter le pire scénario

Zarif a également commenté le fait que que des dizaines d’années de pression montrent que le peuple iranien va à nouveau résister à ces pressions, même si il y aura un impact. Les sanctions américaines sont toujours douloureuses  ». «  Ceux qui sont frappés en premier, ce sont ceux qui veulent acheter des médicaments, ceux qui veulent acheter à manger  ».
Il a souligné que les récents problèmes économiques, comme la chute de la monnaie iranienne et le prix des fruits et légumes qui a doublé dans certains cas, étaient dus aux récentes mesures préparatoires prises par l’Iran. «  Le bouleversement économique auquel vous assiste actuellement en Iran sont la conséquence des décisions qui ont dû être prises pour nous préparer à ces sanctions, donc nous sommes parés au pire des scénarios  ».
Revenant sur les négociations avec les USA dans le cadre de la signature de l’accord en 2015, il a évoqué des négociations intenses et précises avec le secrétaire d’Etat John Kerry et lui, à l’époque, «  ce n’était pas une décision évidente, pour le gouvernement iranien, pour le président Rohani et pour moi personnellement. Cela peut peut-être flatter beaucoup de ministres des Affaires étrangères de passer du temps avec le secrétaire d’Etat américain, mais certainement pas pour l’Iran  ».
Mais finalement, le dialogue a eu lieu, «  C’est à ça que servent les diplomates. Une partie de de notre salaire correspond aux coups que nous prenons à titre personnel, au nom des intérêts nationaux. C’est ça, notre métier  ».

Traduction  : Fodasun

Source (en anglais)  : Iran Front Page

Cliquez ici pour voir l’interview en anglais sur le site de CNN

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