L’attentat a frappé ce mercredi 13 février au sud-est de l’Iran, dans la province du Sistan-Balouchistan. Cette attentat suicide à la voiture piégée lancée contre un bus a tué 27 membre du Corps des Gardiens de la Révolution Islamique (CGRI), un groupe d’élite. Le bus a été touché à la hauteur des localités de Khash et Zahedan. Il s’agit d’une des attaques les plus meurtrières contre l’Iran, et plus particulièrement contre les gardiens de la révolution, ou “pasdaran”, un corps d’élite directement affilié à l’ayatollah Khamenei, le guide suprême de la révolution islamique.
Le groupe jihadiste Jaich al-Adl (“Armée de la justice”), considéré comme une organisation “terroriste” par Téhéran, a revendiqué l’attaque, selon l’agence iranienne Fars, qui a diffusé des images peu après le drame.
Le Balouchistan est une région située à la frontière avec le Pakistan et l’Afghanistan. Des séparatistes baloutches, mais également des groupes djihadistes (ou “takfiristes”, c’est-à-dire les groupes considérés comme sectaires à cause de leur tendance à exclure les musulmans qui ne respectent pas leur code).
Selon l’agence de presse Tasnim, une cérémonie spéciale en hommage aux Gardiens de la Révolution tués est prévue vendredi soir à Ispahan (centre) et les funérailles auront lieu samedi dans cette ville où était basée la division à laquelle appartenaient les victimes.
Les Gardiens de la Révolution avaient indiqué mercredi que des membres de ce corps d’élite revenaient d’une mission de patrouille à la frontière avec le Pakistan lorsqu'”une voiture bourrée d’explosifs” avait explosé près de leur bus, faisant 27 morts et de 13 blessés.
Le président iranien, Hassan Rohani a pressé, dans ce contexte, les pays voisins de l’Iran d’assumer “leurs responsabilités” et de ne pas permettre aux “terroristes” d’utiliser leur territoire pour préparer des attaques contre l’Iran.
Hasard et coïncidence
Les autorités iraniennes n’ont pas manqué d’accuser des puissances étrangères d’être derrière l’attaque de ce mercredi 13 février. D’autant que, le même jour, s’ouvrait à Varsovie en Pologne, une conférence organisée sous la houlette des Etats-Unis, rassemblant divers pays, dont Israël, ennemi juré de l’Iran au Moyen-Orient, pour un sommet qui cachait son objectif rassembler une alliance contre l’Iran.
“Ce n’est pas une coïncidence que l’Iran ait été frappé par le terrorisme” le jour même du début de la conférence de Varsovie, a lancé le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif dans un tweet.
Ces derniers mois, les forces de sécurité et les Gardiens de la révolution ont été la cible de plusieurs attaques au Sistan-Balouchistan. Le 2 février, un membre des Gardiens de la Révolution a été tué dans une attaque dans cette province, revendiquée aussi par Jaïch al-Adl. Ce groupe a été formé en 2012 par d’ex-membres d’une organisation sunnite extrémiste ayant mené une rébellion au Sistan-Baloutchistan jusqu’en 2010.
L’Iran déjà frappée en 2018
Le dernier attentat aussi meurtrier en Iran a eu lieu il y a seulement quelques mois, le 22 septembre 2018. 24 personnes avaient été tuées par cinq assaillants qui avaient ouvert le feu à l’arme automatique sur un défilé militaire à Ahvaz (sud). L’attentat avait été revendiqué par le groupe jihadiste Etat islamique (EI) et un groupe séparatiste arabe au nom de la “Résistance nationale d’Ahvaz”.
Les Gardiens de la Révolution avaient mené une semaine plus tard, en représailles, une attaque de missiles et de drones contre des positions jihadistes en Syrie. Ils avaient ensuite annoncé avoir éliminé lors d’une opération en Irak le cerveau de ce même attentat.
“Nous ferons certainement payer à ce groupe mercenaire le prix pour le sang versé par nos martyrs”, a prévenu le président Rohani, pourtant d’habitude moins guerrier dans son vocabulaire, signe de la colère des Iraniens.
Fodasun