France et Iran nomment officiellement leurs ambassadeurs

L’information avait été délivrée par le journaliste Georges Malbrunot (le Figaro) dans une interview publiée en février du Vice-ministre des Affaires étrangères iranien, Abbas Araghchi (lire l’article). Celui annonçait un échange de diplomates rapides, après 6 mois de vacance de poste dans les deux pays.
La France et l’Iran rétablissent des relations diplomatiques normales, après plusieurs mois, depuis l’été 2017, sans ambassadeur ni à Téhéran, ni à Paris.
Cette information a été confirmée par la publication au Journal Officiel ce mercredi 6 mars suite à un décret du 4 mars dernier, portant la nomination de ce mercredi 6 mars du décret de nomination de Philippe Thiébaud comme “ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République française auprès de la République islamique d’Iran”.

Ancien de l’Agence internationale de l’énergie atomique

Fin connaisseur du domaine du nucléaire, Philippe Thiébaud a été ambassadeur au Pakistan, état nucléaire, de 2011 à 2014, et a été notamment gouverneur pour la France à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) entre 2000 et 2005. Il siégeait jusque là au Conseil d’Etat.
Pour sa part, comme l’avait également annoncé Abbas Araghchi au Figaro, c’est bien Bahram Ghassemi qui a été nommé ambassadeur de la République Islamique d’Iran à Paris. Bras droit de Javad Zarif, le très populaire ministre iranien des Affaires étrangères, Bahram Ghassemi a été également ambassadeur d’Iran en Espagne et en Italie. Il connait donc bien l’Europe. Au regard de la position qu’il occupait en Iran a un poste très important, l’Iran marque ainsi le fait que la France est un pays clé dans le développement de sa diplomatie étrangère.
Ces deux nominations officialisées de manière quasi simultanée signent la reprise d’un dialogue en pointillé depuis quelques mois, sur fond de tensions liées à la politique américaine envers l’Iran, depuis la sortie des USA de l’accord sur le nucléaire avec l’Iran, signé sous l’ère Obama et déchiré par l’administration Trump.

Pérenniser la renaissance de la relation France-Iran

Mais Paris et Washington s’opposent sur ce point puisque les Européens, dont la France et l’Allemagne, signataires eux aussi de l’accord sur le nucléaire en juillet 2015, veulent poursuivre leurs échanges, notamment économiques, avec l’Iran. Des échanges empêchés par le retour des sanctions économiques américaines contre l’Iran, qui visent à l’asphyxier économiquement. Alors que, de leur côté, les Européens ont mis au point un mécanisme financier, INSTEX, pour permettre de contourner le dollar dans le commerce avec l’Iran.
Même si il n’aura pas empêché le départ des grands groupes européens et notamment le Français Total, les Européens et Iraniens comptent sur ce mécanisme pour préserver les liens établis dans le cadre de le levée des sanctions qui ont permis à l’Iran de s’ouvrir vers le monde depuis 2015.
Les deux ambassadeurs joueront donc un rôle important pour pérenniser la renaissance de la relation France-Iran, érodée en partie sous la pression américaine.

Fodasun

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